VITRE (AFP) – Un lycée rural vient de lancer en Bretagne la « Journée de la jupe » pour soutenir les jeunes filles qui n’en portent pas par crainte de remarques déplacées de la part des garçons ou des autres adolescentes, et lutter ainsi contre les préjugés.
« Se mettre en jupe, c’était un défi à relever. Il y a les remarques négatives, les sifflets, les regards qui font mal, voire les insultes », raconte Tifenn, une élève de la classe de 1ère à l’origine de cette initiative. La « Journée de la jupe » est programmée pour jeudi dans son établissement, l’institut privé secondaire, supérieur et agricole (Ipssa) d’Etrelles à une quarantaine de km à l’est de Rennes. L’idée a déjà fait des émules en Ille-et-Vilaine: le lycée public de Saint-Aubin-du-Cormier prend le relais vendredi, tandis que l’opération a fait ses preuves jeudi dernier à quelques kilomètres de là dans les Ipssa de Vitré et de La Guerche. Quelques garçons s’y sont même mis. Environ la moitié des filles avait troqué le pantalon pour la jupe à La Guerche et un tiers à Vitré, alors que les volants se comptent habituellement sur les doigts de la main dans ces deux établissements.
« C’est beau une fille en jupe. C’est vraiment bête de leur faire des remarques. C’est galère pour elles », lancent à l’unisson les garçons de 1ère d’Etrelles qui travaillent depuis plusieurs semaines sur le projet. « L’idée est née lors d’ateliers sur la sexualité, au cours desquels les filles ont expliqué qu’il était impensable de mettre une jupe », explique Thomas Guiheneuc, de l’association Liberté Couleur qui encadre l’opération. Les organisateurs de la Journée espèrent convaincre des établissements plus urbains. Car les préjugés de type « jupe égale fille facile » ne sont pas propres aux lycées de campagne, assure M. Guiheneuc qui a travaillé depuis six ans avec plusieurs établissements de Rennes.
« La jupe est un symbole. La journée de la jupe, c’est l’occasion d’instaurer une discussion avec et entre les adolescents dont le vocabulaire est de plus en plus cru et influencé par le porno et qui ne se rendent pas compte à quel point ils blessent », explique M. Guiheneuc. Le problème ne se limite pas aux sections où les garçons sont majoritaires. « Les filles sont très dures entre elles. Elles se traitent souvent de prostituées », relève Monique Vivien, directrice de l’Ipssa de La Guerche.
Mais la peur des insultes ne suffit pas à expliquer que la jupe ait déserté les salles de classe. « C’est aussi une question de mode, de confort ou de complexes », rappelle une professeur, observant que les jeunes filles sont beaucoup moins hésitantes sur les décolletés, plus à la mode.
Gardant en mémoire la bataille menée par les femmes il y a quelque quarante ans pour avoir le droit de porter un pantalon, certaines enseignantes ne cachent pas qu’elles auraient préféré un autre vêtement que la jupe pour symbole.
Source : AFP